Silence on travaille

Publié le 24 Novembre 2014

Danielle en conférencière
Danielle en conférencière

~~ Silence on travaille !!!

Tout d'abord une citation camerounaise que je fais mienne:

''Le travail raccourcit le temps et rallonge la vie''

Depuis 15 jours les journées ne sont pas assez longues pour tout faire, entre nos missions à mener à bien, eh oui il ne faudrait pas oublié que nous sommes venus pour travailler !!!, et les sorties détentes et découvertes, il ne reste pas de temps pour alimenter le blog .

Qu’avons-nous fait depuis notre dernier rendez-vous ?

Parlons tout d’abord du travail :

• Mme Propre a été très occupée, tout d’abord à former dans les différents services, les personnes chargées de l’entretien, à la villa Boutanga , et à la Fondation. Ce type de formation individuelle a pris du temps car il y avait plus d’une dizaine de personnes à former soit 10 petites journées, ensuite la direction de la fondation lui a demandé de faire une formation collective de l’ensemble du personnel sur ’’ l’Hygiène, l’Entretien et le Rangement, au Travail et à la Maison ’’ , il a fallu qu’elle travaille à la préparation de cette formation, elle a fait appel à son boy préféré pour mettre en place un » powerpoint « sur ce thème .

Cet après-midi de formation a eu lieu le 18 novembre avec une participation d’une trentaine d’employés auxquels sont venus s’ajouter en cours de présentation, une vingtaine d’élèves d’un collège voisin. La conférence a été menée de main de maitre, avec démonstration à l’appui, Mme Propre a très bien maitrisé son sujet , ç’est comme si elle avait fait çà toute sa vie .

Le reste du temps Danielle a travaillé à l’atelier de couture, qui est actuellement animé par une autre bénévole Chantal Pinet styliste à la retraite qui a eu son propre atelier de mode, à confectionner des rideaux et des dessus de lit pour la villa Boutanga, (c’est la maison d’ hôtes dont s’occupe également Danielle aidée dans cette tâche par une bénévole Mme GOURAUD chargée plus particulièrement de la déco) .

Si on rajoute à çà une sieste d’une heure obligatoire tous les jours, vous devinez que les journées passent vite .

• En ce qui me concerne, compte tenu de l’éloignement des sites des plantations pour lesquelles je suis missionné, au nombre de trois et distantes les unes des autres d’une vingtaine de km , vous comprenez que je passe beaucoup de temps en 4X4 à me faire secouer sur des pistes particulièrement dégradées cette année, par les pluies très fortes de fin de saison .

Pour en revenir à mon travail , je suis censé remettre un peu d’organisation sur les sites, une dizaine de personnes y sont employées, la difficulté réside principalement dans le fait qu’aucune autorité n’a été mise en place ,mon rôle consiste en ce moment à essayer de hierarchiser l’organisation du travail , en m’appuyant pour l’instant sur les personnes en place les plus compétentes, en sachant que sur 10 , 5 ont été à l’école jusqu’au CM2 ,les autres n’ont pas fréquenté comme ils disent ici, aucun n’ a eu de formation agricole, ils pratiquent le métier par habitude et pour les meilleurs en observant ce qui se passent dans l’environnement .

Je suis en train de convaincre les fondateurs Mr et Mme DUMAS d’embaucher quelqu’un de formé en agriculture , en gestion et management pour assurer le suivi de ces trois plantations, car les bénévoles n’ont pas vocation à assurer ce travail et ç’est pourtant à çà que je passe la plus grande partie de mon temps . La semaine passée j’ai été mis en relation avec un garçon de 30 ans très formé ( 4ans d’école d’agriculture après le bac), qui est chef d’exploitation depuis 4 ans d’une plantation de 100ha (palmiers et maîs) pour le compte d’un ancien Pilote de la CAMAIR( air france camerounaise), et qui cherche à voir ailleurs si l’herbe est meilleure, il ne gagne que 90000 CFA ( 137 €) , j’ai vu ce qu’il a mis en place dans cette plantation , ç’est l’homme qui nous faut , reste à convaincre les décideurs de mettre la main à la poche .

En dehors de cet aspect organisation du travail, ma mission consiste à mettre en place une politique agricole des sites à long terme : choix des cultures, techniques culturales à mettre en place dans le souci prioritaire du respect de l’environnement ( Mme DUMAS est très nature ) , et aussi réorganiser l’activité élevage . En ce qui concerne ce dernier point, il y a beaucoup à faire également ,l’effectif est de 130 têtes réparties sur les 3 sites avec donc trois bergers qui pratiquent la transhumance journalière , ç’est à dire qu’il conduisent les troupeaux chaque jour sur des parcours qui dépassent souvent les limites des plantations , les Bororos ( Peuls) pratiquent cette transhumance depuis des siècles, c’est ancré dans leur tradition et il est difficile de convaincre les bergers de ne pas dépasser ces limites . Cette pratique génère aujourd’hui, beaucoup de conflits avec les cultivateurs qui voient leurs cultures piétinées par le passage des troupeaux, récemment il y a eu dans notre vallée un conflit qui s’est terminé par la mort d’ un berger!!! .Nous allons donc mettre en place des clôtures autour de chaque plantation, pour mettre fin à ces pratiques, la majorité des cultivateurs commence à clôturer .

La mise en place d’un registre d’élevage avec l’identification du troupeau, d’un programme de suivi sanitaire en collaboration avec un véto, m’ont pris également pas mal de temps, pour cela il a été également nécessaire d’installer des parcs et couloirs de contention, deux sur trois sont déjà réalisés et le troisième sera fait avant mon départ , ces outils devraient permettre une meilleure maitrise du troupeau .

Reste dans cette mission le souhait de mes mandants de vouloir installer sur le site de la fondation un petit atelier laitier avec transformation en yaourts et fromages, cet atelier ayant deux fonctions : une première d’assurer la fourniture de produit laitier à la restauration de la fondation , de la villa Boutanga, le reste de la production serait vendue dans les supérettes de Bangangté , la deuxième fonction étant de servir d’outil de formation à l’ attention des éleveurs de la région .

Pour l’instant je n’ai pas répondu à cette demande, en effet les conditions ne sont pas remplies pour envisager ce type d’atelier, absence de gens formé à la conduite d’une troupeau laitier même petit( 10 têtes envisagées), et à la conduite d’un atelier de transformation ( règles d’hygiène) .Avant de montrer comment faire ,il faut d’abord se former et maitriser l’activité qui doit servir de support de formation, l’urgence du moment est ailleurs essayons de bien faire dans un premier temps ce qui est déjà engagé !!!!!

Un dernier pont auquel j’ai à faire face dans cette mission, ç’est l’état critique dans lequel se trouve le matériel, ce qui freine considérablement l’exécution des travaux programmés .En effet l’ensemble du matériel notamment les tracteurs ont entre 30 et 40 ans , hormis le fait que l’entretien n’ a surement pas été assuré correctement et régulièrement, nous sommes confrontés à l’absence de pièces pour réparer ,même en France nous ne pouvons plus en trouver pour des modèles aussi ancien .La nécessité d’un rééquipement est urgent, l’argent est le point de blocage et on ne mesure pas les conséquences de laisser perdurer cette situation .

Vous voyez qu’il y a du pain sur la planche, il restera du travail au prochain bénévole qui vas me succéder dans cette mission sans fin !!!!

Parlons maintenant de loisirs

Car enfin il ne faut pas croire, on ne fait pas que travailler !!!!, on se promène aussi à la découverte du pays et des gens, la semaine dernière nous sommes allés visiter un dispensaire près de Bafousam qui est tenu par des Dominicaines Gabonaises, ce dispensaire est aidé par une association du 44 , Les Gouraud qui sont avec nous dans cette mission sont de La Baule et étaient chargés par l’asso de porter des courriers . Nous avons été très agréablement surpris par la tenue du dispensaire, ç’était très propre et très organisé, les tenues vestimentaires du personnel étaient également impeccables, nous avons pu apprécier d’autant plus que la semaine précédente nous avons eu l’occasion de conduire à l’hopital de l’Université des Montagnes de Bangangté, un malade de la fondation, les couloirs étaient plein de papiers et autres détritus, les murs sales et le personnel pas nickel, çà fait peur de s’y faire soigner, l’an dernier nous y étions allé avec Danielle à l’époque ç’était entretenu, çà s’est beaucoup dégradé depuis…..La tenue de ce dispensaire montre que ç’est possible de respecter des règles de propreté et d’hygiène élémentaires, il faut donc persévérer à former les gens, il finira bien par en rester quelques choses….

Samedi et dimanche nous sommes allés faire du tourisme à l’ouest de notre région près de la zone Anglophone dans la région de DSCHANG jolie petite ville universitaire de 50000 habitants environ , ç’est aussi un centre climatique où les gens viennent prendre le frais en saison sèche car nous sommes en demi montagne ( 1600 – 1800 m) le climat est agréable, un magnifique petit lac borde la ville , les gens viennent s’y promener , faire du canoê, pique-niquer etc. ….

Un très beau » Musée Des Civilisations » est installé en bordure du lac, il est récent , inauguré il y a 4ans , il a été soutenu financièrement par la ville de Nantes et le Conseil Régional des Pays De Loire, ç’est un lieu important pour comprendre l’histoire du Cameroun son peuplement depuis de le 15e siècle : les influences coloniales , le commerce des esclaves, et le rôle joué par des ethnies dominantes dans ce commerce , dont les autres ethnies ont été victimes .Le Cameroun est peuplé de plus de 280 ethnies, avec chacune un dialecte qui parfois se ressemble , on comprend vite que ces populations étaient en guerre permanente pour survivre en protégeant leur territoire, et pour dominer pour les ethnies les plus importantes.

La nature humaine n’a pas vraiment changé , encore aujourd’hui même dans nos civilisations occidentales ,ces luttes de pouvoir ,de conquête de territoire, sont omniprésentes , il suffit de suivre l’information au quotidien pour s’en rendre compte ….

Nous avons eu la chance samedi d’assister au bord de ce lac à un baptême de 2 adultes protestants dans l’eau du lac avec toute une communauté religieuse qui les assistait, ç’était à la fois surprenant et touchant. L’après-midi, sans le savoir d’avance, était organisé un festival folklorique de danses et chants du pays Bamiléké, organisé par les étudiants des universités ç’était un spectacle extraordinaire, on a pu , un peu plus s’imprégner de la culture populaire des Bamilékés, moment unique !!!. Voilà pour notre vécu depuis 15 jours, notre séjour commence à s’étirer vers la fin, on essaiera de vous faire partager encore une fois notre vie ici avant de vous retrouver en France au moment des fêtes de fin d’année

Biz à toutes et tous

musée des civilisations

musée des civilisations

Chutes de Bafang

Chutes de Bafang

Baptême dans le lac

Baptême dans le lac

Vaccination à Tchoudim dans le nouveau parc de contention

Vaccination à Tchoudim dans le nouveau parc de contention

Rédigé par loiseau

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E
Merci pour ce chapitre de vos activités dont les explications sont passionnantes et aident à saisir le contexte dans lequel vous vivez Je suis heureuse pour vous que vous puissiez bien profiter de l'aspect culturel de cette mission vous avez encore un mois devant vous tenez bon bises Eliane
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